FR NL EN

Nouvelles

21 octobre 2002

Depuis 1989 le Registre belge du Diabète (RBD) répertorie l'ampleur du problème de santé que présente le diabète. D'une manière systématique (et strictement confidentielle) on rassemble des données chez des patients diabétiques en dessous de quarante ans et leurs apparentés. Jusqu'à présent on a déjà examiné et suivi plus de 3000 nouveaux malades et 5000 apparentés au moyen de questionnaires et de l'analyse d'échantillons sanguins.

Plus de 100 diabétologues et chercheurs liés à toutes les universités belges et à la plupart des centres cliniques de diabétologie collaborent aux recherches du RBD. L'activité du registre fut à la base du démarrage d'une série d'études cliniques visant le développement de traitements du diabète chez les malades en vue de leur guérison, et de sa prévention chez leurs apparentés. A propos de cette étude une soixantaine d'articles ont déjà été publiés dans des revues scientifiques internationales.

Résultats des recherches

Les recherches du Registre belge du Diabète ont démontré que la vaste majorité des malades ayant développé le diabète avant l'âge de 40 ans souffrent d'un diabète dit de type 1. Ceci est la forme la plus grave de la maladie: des cellules du système de défense détruisent la plus grande partie des cellules à insuline, ou cellules bêta, pendant la longue phase cachée de la maladie qui précède le diagnostic. D'une manière plus ou moins brutale s'installe alors une déficience en insuline qui provoque une accumulation de sucre (glucose) dans le sang. Cette accumulation de glucose mène au diagnostic du diabète. Les patients de type 1 courent un grand risque de développer des complications chroniques telles des maladies cardio-vasculaires, une insuffisance rénale, des problèmes oculaires et une atteinte des nerfs. Cet endommagement tissulaire est surtout occasionné par le contact prolongé (pendant des années) avec des taux sanguins de glucose élevés. Dans ce groupe de malades en dessous de 40 ans il existe un excédent masculin important mais jusqu'à présent inexpliqué (I. Weets et al. Diabetologia 44: 40-47,2001).

De loin la plupart des diabétiques de type 1 ont développé la maladie après l'âge de 15 ans. Durant les douze années d'observation du registre on a cependant constaté que chez les enfants le diabète se manifeste de plus en plus tôt, et ceci surtout chez les garçons. L'augmentation est la plus frappante chez les enfants de moins de 5 ans. Pendant cette période de douze ans le nombre de diabétiques enregistrés dans cette tranche d'âge a doublé. Les très jeunes malades montrent en plus souvent un dérèglement sévère du métabolisme glucidique et courent le plus de risque de développer des complications à long terme. Ces résultats suggèrent qu'un facteur d'environnement ou lié au style de vie accélère l'apparition de la maladie. Pour des raisons actuellement encore inconnus cette accélération touche surtout des garçons. Si, à l'identification du facteur responsable, il s'avérait qu'il peut être évité, on pourrait prendre des mesures préventives. Pour le moment on examine si la fréquence croissante d'obésité juvénile pourrait être responsable de la présentation de plus en plus précoce de la maladie. (I. Weets et al. Diabetes Care 25: 840-846, 2002).

Dans le groupe à risque d'apparentés au premier degré de diabétiques de type 1 il est déjà possible d'indiquer un petit groupe de personnes (plus ou moins 1 %) qui courent environ 80 % de risque de développer un diabète endéans les cinq ans. L'identification de ces apparentés à haut risque se fait par moyen de marqueurs biologiques. La présence d'anticorps spécifiques contre une composante des cellules à insuline (la protéine IA-2), combiné à une tendance héréditaire pour accélérer le processus de maladie (génotype HLA DQ2/DQ8) indique en effet un risque très augmenté de développer le diabète. Chez des patients dont la maladie vient d'être constatée on peut également contrôler par le biais d'autres marqueurs s'ils ont un risque élevé de perdre leurs cellules à insuline restantes et donc de développer des complications. (K. Decochez et al. Diabetes Care 23: 1072-1078, 2000; F. Gorus & D. Pipeleers Ballière's Best Practice & Research in Clinical Endocrinology & Metabolism 15: 371-389, 2001; B. Van der Auwera et al. Human Immunology 63: 40-50, 2002; K. Decochez et al. Diabetologia, sous presse, 2002).

études préventives

Récemment deux études préventives ont démarré: une chez les apparentés et une autre chez des malades récemment diagnostiqués. Ces études n'auraient pourtant pas été possibles en Belgique sans l'organisation et les collaborateurs du registre et sans les critères biologiques de sélection développés.

étude de prévention chez les apparentés à haut risque

Les apparentés à haut risque sont des personnes chez qui des anticorps anti-IA-2 sont présents, ce qui est le cas chez environ 1 apparenté sur 100. Chez eux on contrôle si l'injection sous-cutanée journalière de petites doses d'insuline pendant une période de 3 ans peut temporairement mettre au repos les cellules à insuline surmenées. Le but est d'arrêter de cette manière la destruction de ces cellules et le développement ultérieur du diabète. L'approche de cette étude belge diffère très clairement de celle d'une étude américaine (Diabetes Prevention Trial-1 of DPT-1). L'étude américaine concluait récemment que les injections préventives d'insuline ne pouvaient pas arrêter le développement du diabète. En Belgique on utilise des critères de sélection beaucoup plus strictes pour les apparentés, et l'on injecte également un autre type d'insuline à des moments où les besoins d'insuline sont les plus grands (pendant les repas). Il est donc très sensé de continuer l'étude belge.

étude CD3

Une deuxième étude belge examine la possibilité d'arrêter la destruction des cellules à insuline restantes (environ 20 %) par des cellules activées du système de défense et ce dès les premiers jours après le diagnostic. La molécule CD3 est une molécule-clé dans l'activation de ces cellules immunologiques. Pour cette raison on procède à un examen comparatif de l'effet d'une courte cure avec injection d'un anticorps anti- CD3, et l'effet d'injections avec un produit non-actif (placébo ou produit ersatz). Une meilleure conservation de la fonction des cellules à insuline devrait mener à terme à des besoins d'insuline moindres, à des taux de glucose sanguins mieux réglés, et donc à moins d'endommagement par le sucre de divers tissus (F. Gorus & D. Pipeleers: Ballière's Best Practice & Research in Clinical Endocrinology & Metabolism 15: 371-389, 2001)

Une équipe de chercheurs américains a récemment traité un petit groupe de diabétiques de type 1 chez qui la maladie venait d'être constatée avec un anticorps anti-CD3 similaire au produit utilisé en Belgique. Les chercheurs découvrirent que ceci eut un effet protecteur sur les cellules à insuline restantes. Ces résultats préliminaires sont un stimulant pour continuer l'étude belge qui est plus grande et mieux contrôlée.

L'étude CD3 belge jouit du soutien financier de la Juvenile Diabetes Research Foundation (JDRF) des Etats-Unis. Pour l'exécution de cette étude et pour des transplantations de cellules à insuline chez des patients malades depuis plusieurs années le JDRF a fondé à Bruxelles le JDRF Center for Beta Cell Therapy in Europe (Directeur Prof. Dr. D. Pipeleers). 

La participation de malades et des apparentés aux études belges reste toujours possible.

Informations et contact: